Le Salento dévasté par la “lèpre de l’olivier”
Le Salento, c’est ce territoire qui, depuis Tarante et Brindisi, s’étend jusqu’à la pointe du talon de la botte italienne. Territoire densément peuplé (255 hab/km2), dont la population équivaut à celle de l’exe Haute-Normandie (1,8 Mhab)
Ce territoire a le niveau de vie et de développement le plus élevé du Mezzogiorno. Cette relative richesse provient en particulier de l’agriculture, spécialisée dans la production de vin (dont la qualité et la production ont beaucoup augmenté ces 20 à 30 dernières années) et d’huile d’olive. Mais depuis les années 1990, les petites exploitations oléicoles ont connu des difficultés dues au manque de main-d’œuvre et à la désaffection des jeunes générations pour ce type de travail.
Toutefois, c’est peu de chose comparé à ce qui se déroule aujourd’hui sous nos yeux : la mort pure et simple des oliviers du Salento, provoquant la désolation de ses paysages, la ruine d’une de ses activités essentielles et la perte de l’identité même de ce territoire. Même les professionnels du tourisme (autre activité vitale dans le Salento) redoutent une baisse de leur activité en raison de cette “pétrification” mortifère des terroirs oléicoles.
Paysage de désolation à proximité de Casarano
© M. Froelich, septembre 2021
Depuis dix ans, la xylella fastidiosa a tué des millions d’oliviers : cette bactérie, transmise par des insectes, bloque la circulation de l’eau dans les arbres, provoquant leur mort par dessèchement. Elle serait arrivée par l’intermédiaire de plants de caféiers infectés originaires du Costa Rica et importés en Europe par le port de Rotterdam. Ce désastre est donc directement lié à la mondialisation des échanges.
Partie des environs de Gallipoli, la « lèpre de l’olivier » a gagné tout le Salento et menace de poursuivre ses ravages vers le Nord des Pouilles. D’après la Coldiretti (principal syndicat agricole italien) elle avancerait vers le Nord à la vitesse de plus de 2 km par mois. Le seul moyen de contenir sa progression serait de détruire les oliviers : plus d’un million ont déjà été coupés, brûlés, arrachés ; mais ces opérations ont été lancées avec beaucoup de retard et parfois de réticences, ce qui a réduit d’autant leur efficacité !...
Alors, quelles sont les solutions, s’il y en a ? Actuellement aucun traitement ne permet d’éradiquer la bactérie. Une des solutions passe donc par des actions radicales, à savoir arracher tous les oliviers infectés et en replanter d’autres. En effet, on a identifié deux espèces d’oliviers assez résistantes à la xylella fastidiosa, mais elles doivent encore faire leurs preuves. L’Europe et la région des Pouilles versent des aides pour effectuer cette restructuration, mais elle coûtera très cher et sera très longue (40 à 60 ans), quasiment deux générations…
Environs de Casarano.
© M. Froelich, septembre 2021
En attendant, la “lèpre de l’olivier” continue de semer la mort dans le Sud de la Botte, où de plus en plus nombreux sont les oléiculteurs qui, la mort dans l’âme, achètent pour la première fois de l’huile d’olive, alors que des cas de contamination sont signalés aux Baléares, en Corse et jusqu’en Provence.
Les patriarches, ces oliviers centenaires ! Expo-photo à Specchia.
Photo M. Froelich septembre 2021
Nonostante tutto, vi raccomando di visitare il Salento per scoprire i suoi magnifici borghi, i suoi parchi naturali, le sue chiese … e ovviamente le sue gelaterie !..
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